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Mes poèmes : LE CLOWN !
LE CLOWN
Alangui, le pas lent, s'emparant d'une chaise
Apathique, Il la traîne, jusque à son miroir
Cette loge, qui est sienne , où il était à l'aise
Lui apparaît ce soir, triste, comme un mouroir
Dans un réflexe, il pousse le p'tit interrupteur
Faisant ainsi jaillir le flux des projecteurs
Entourant la psyché, qui renvoie son image
Il ne peut plus lutter, il n'a plus le courage
Il a donc décidé, sans une hésitation
Qu'il ferait ce soir là, l'ultime prestation
Comme à l'accoutumée, penché devant sa glace
Il noircit ses sourcils et se blanchit la face
Dessine, un grand sourire, d'un trait de vermillon
Adapte son nez rouge, met son nœud papillon
Ajuste sa perruque et son petit chapeau
Chausse ses grands souliers, endosse son manteau
Il s'assure de tout. Rien de manque. Il est prêt !
D'un regard circulaire, de larmes embué
Il embrasse la pièce tapissée de photos
La famille du cirque, l'immense chapiteau
Ses souvenirs d'auguste, Lui, le clown de renom
Dont personne ne connaît le véritable nom
Avant qu'à tout jamais, ne s' éteigne la lumière
Il boit une potion, à la saveur amère
Mais déjà il entend s'élever les clameurs
Inspirant fortement et refoulant ses pleurs
Il murmure tristement : - Allez vas donc, l'artiste !
Prend son air hilarant et bondit sur la piste
Il jongle, il caracole, sous les yeux des gamins
Alors les rires éclatent, s'élèvent des gradins
Les applaudissements, fusent de toutes parts
Lui ne les entend plus qu'à travers un brouillard
Car hélas dans son corps, le funeste breuvage
Est en train d'achever son redoutable ouvrage
Déjà ses yeux se voilent, il titube, il chancelle
Devant « ces facéties » les gosses rient, de plus belle
Il trébuche, il zigzague, vers eux il tend les mains
Comme pour dire Adieu à ces petits bambins
Et tandis qu'on l'acclame de bravos, de hourras
Son corps, dans un bruit sourd, s'abat les bras en croix
Et jamais plus l'auguste, ne se relèvera
Car maintenant pour lui, les rires se mélangent
Avec les litanies et le doux chœur des Anges
© Dominique
Tags : clown, petit, grand, rires, corps
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Commentaires
superbe poème d'un clown qui n'en pouvait plus de se forcer à faire rire-
triste fin pour l'artiste- mourir sur scène comme Molière -
au paradis il se repose enfin -
bisous et bon vendredi-Très beau, Dominique ! L'envers du décor, sous le rire, la détresse ... Un thème aussi chanté par Giani Esposito. Gros bisous !
Bonjour Dominique,
Je viens applaudis un chef-d’œuvre qui me met chaque fois la larme à l’œil...
Mes bravos chère Dominique pour cette sensibilité qui t'honore.
Bisous.
Annie
la poésie que dégage les clowns, poésie , mélange de tristesse et de gaité t'a joliment inspiré. Et fatigne en plus pour attirer une larme.
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Vendredi 15 Juillet 2022 à 10:29
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Bonjour Dominique... Ca me fait penser au sieur Zavata qui se donna la mort lui aussi... même les clowns ne sont pas tjs heureux.... bises, jill