• UCHRONIE : Gavroche !

     

     UCHRONIE

    L' Uchronie est  une reconstruction fictive d'une histoire, (ou de l'Histoire) relatant les faits, tels qu'ils auraient pu se produire. 

     

    " GAVROCHE "

     

    Des deux pièces qui battaient maintenant la barricade de la rue de la Chanvrerie, l'une tirait à mitraille, l'autre à boulet…..

    Combien de fois avais-je lu "Les Misérables", je ne saurais le dire, mais j'en connaissais toutes les répliques et un passage, m'émouvait particulièrement C'était celui là même où, les insurgés manquant de cartouches, Gavroche courageusement, s'apprêtait à allez en chercher au péril de sa vie. Dans quelques lignes il sautera de la redoute dans la rue et sa jeune vie sera fauchée en dépit de son courage. Pauvre gosse pensais-je, si quelqu'un avait pu le voir avant qu'il ne commette cette action. L'ai-je pensée très fort, trop fort, peut être, je ne sais pas. Quoi qu'il en fut et, aussi surprenant que cela paraisse, je me suis aussitôt retrouvée sur la barricade auprès de l'enfant.

     = Mon petit ! Criais-je. Ne fais pas cela !

    Le garçonnet tenant le panier qui devait lui servir à récupérer les cartouches qu'il s'apprêtait d'aller récupérer sur les corps des gardes nationaux, se retourna vivement et je vis son regard, traversé par un éclair de surprise. Une femme se dressant face à lui sur la barricade dans le grondement du canon et le fracas de la mitraille, ce n'était pas courant, mais de plus, vêtue d'un "sweat -shirt" et d'un "legging", cela avait en effet de quoi surprendre. Il ouvrit de grands yeux et, me toisant dit alors :

    = Citoyenne ! Primo je ne suis pas vôtre p'tit et secundo, ce n'est pas une femelle qui va me dire ce que je dois faire. Pigé ?

    = Gavroche ! Insistais-je. Il ne répondit pas. Alors sachant que le temps m'était compté et, voulant à tout prix l'empêcher de commettre l'irréparable, je me saisis vivement de son panier. 

    = C'était donc ça ! S'exclama-t-il

    = En voila de vilaines façons,s'attaquer à un loupiot pour lui prendre son bien. Vrai ! Si j'en avais pas un besoin urgent je vous l'aurais offert citoyenne, mais il m’est trop nécessaire. Au fait ! Comment vous connaissez mon blaze ? Je vous ai jamais vue ! Faut dire, qu'accoutrée de la sorte, j'vous aurais pas oubliée pour sûr. Mais j'ai assez jacté, faut qu'je décanille.

    En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il sauta dans la rue et rampa jusques aux gardes nationaux qui gisaient au sol. Je savais pouvoir le suivre sans risque, nulle femme ne fut jamais mentionnée dans l'œuvre de Victor Hugo et, ce fut ce que je fis. Je le suivis à travers l'écran d'une épaisse fumée qui avait envahi la rue. Il rampait, se relevait, sautait, courait, allant de l'un à l'autre, vidant dans son panier gibernes et cartouchières. Deux balles furent tirées dans sa direction sans pour autant l'atteindre. L'enfant vit que les tirs provenaient de la banlieue et c'est à la vue des gardes nationaux qu'alors, mains sur les hanches et cheveux au vent, il se mit à chanter en les narguant. Sa fin était proche. N'étant pas parvenue à lui éviter cela, je courus jusqu'à lui, ne voulant pas qu'il meure seul. C'est alors qu'une balle claqua et l'atteignit. Touché au font, il s'affaissa mais se redressant hardiment, il continua à chanter :

    Je suis tombé par terre,
    C’est la faute à Voltaire,
     

    Arrivée auprès de lui, sans mot dire, je lui pris la main. Le regard déjà voilé par le spectre de la mort, il esquissa un faible sourire et pressa fort la mienne. Dans un dernier sursaut d'une volonté surhumaine, il poursuivit :

    Le nez dans le ruisseau
    C’est la faute à...

    Une autre balle stoppa net les derniers mots. Gavroche s'abattit face contre terre, la vie l'avait quitté. Mon visage contre le sien, entre deux sanglots je murmurai alors:

    C'est la fau..te à Rou.. sseau !

     

     

    © Dominique

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  • Commentaires

    1
    Lundi 13 Mars 2017 à 02:26
    colettedc

    Merci Dominique, pour ces mots, tes mots toujours si agréables à lire ! Bonne semaine !

    Bisous♥

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    2
    Lundi 13 Mars 2017 à 06:27

    Merci aussi Dominique, j'aurai la chanson en tête, bises de jill

    3
    Lundi 13 Mars 2017 à 06:28
    Très émouvant retour dans l'oeuvre d'Hugo pour essayer de sauver Gavroche. J'ai beaucoup aimé. Belle semaine.
    4
    Lundi 13 Mars 2017 à 09:24
    Josette

    Avec l'émotion du souvenir...près de lui tu n'as pas changé son destin mais tenu la main

    bonne journée Dominique

    5
    Lundi 13 Mars 2017 à 18:59

    Belle participation à l'histoire, intéressant à lire.

    6
    Mardi 18 Juin 2019 à 14:51

    Pauvre gosse, déjà dans la bataille, comme toi, sachant ce qui allait lui arriver, on a envie de le prendre dans ses bras à son ultime soupir... merci pour chez moi @+ bises

    7
    Lundi 24 Juin 2019 à 23:34

    Je n'ai lu que les dernières lignes de l'histoire de Gavroche mais je suis très touchée par le rappel de ces quatre derniers vers que tu as su ... chanter, toi aussi. Bonne soirée, Gisèle - Ariane Grimm

    8
    Vendredi 27 Août 2021 à 09:24

    Un chanson qui va me coller à la peau toute la journée....

    Bises et bon vendredi

    9
    Dimanche 29 Août 2021 à 15:50

     Ah oui , difficile de changer le cours des choses . Bravo pour cette uchronie 

    Bon dimanche 

    Bises 

      • Dimanche 29 Août 2021 à 16:09

        Bonjour Gisèle, 

        Ravie que tu aies aimée celle-ci.

        Belle fin de journée également

        Bises

        Dominique

    10
    Mardi 31 Août 2021 à 19:46

    Une belle histoire  mais hélas, tu n'as pas pu le sauver! Bise

      • Mercredi 1er Septembre 2021 à 08:35

        Bonjour Fanfan

        L'on ne peut aller contre la destinée !

        Bise

        Dominique

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